François-Michel Lambert, député EELV des Bouches-du-Rhône, vice président de la commission Aménagement du territoire de l’Assemblée nationale

10 janvier 2013 | Actualités du ferroviaire

Pouvez-vous préciser les positions d’Europe Ecologie Les Verts dans le domaine du transport ferroviaire de marchandises en France ?

Pour notre formation politique, il semble essentiel de bien distinguer les problèmes liés au transport des voyageurs de ceux qui concernent le transport des marchandises. Dans le premier cas, il s’agit d’un service public destiné à satisfaire les besoins de mobilité individuelle de nos concitoyens alors que, dans le second, nous avons affaire à une activité support utile à l’activité économique du pays dans son ensemble. Pour des raisons d’ordre environnemental, nous considérons que l’activité fret doit être limitée au minimum nécessaire mais nous apporterons tout notre soutien au développement du fret fluvial et ferroviaire au cours des prochaines années. Cette volonté repose sur la nécessité d’aider cette activité à rencontrer son marché et à la rendre la plus performante possible tant sur le plan économique que sur le plan environnemental.
C’est ainsi que nous nous opposons à la généralisation de la circulation des camions de 44 tonnes sur le réseau routier français et que nous sommes favorables à l’émergence de solutions nouvelles alternatives au transport routier. Or, dans ce domaine, il faut bien reconnaître que la France accuse un retard certain par rapport à des pays européens comme la Suisse ou la Suède.

Quelles mesures seraient, selon vous, susceptibles de favoriser le développement du transport ferroviaire en France ?

La réponse à cette question tient à notre sens en une idée forte, celle de l’aménagement du territoire. Nous pourrions dans ce domaine nous inspirer largement de l’exemple allemand où la part modale du transport ferroviaire a augmenté régulièrement au cours des dernières années pour dépasser 120 milliards de tonnes/kilomètre. Dans ce pays, il existe une offre solide de transport qui repose sur «master plan» logistique, c’est-à-dire l’existence de liaisons rapides de point à point qui permettent une véritable massification de la circulation des marchandises entre les zones de production et les zones de consommation et d’une centaine d’opérateurs ferroviaires de proximité (on n’en compte qu’une poignée en France) qui assure aussi bien la collecte dans les zones de production et les livraisons au dernier kilomètre dans les régions de consommation.
Autre exemple: celui du Brésil ou l’on considère que la logistique est un enjeu politique majeur. Il vient en effet d’y être créé un ministère de la Logistique qui s’est fixé pour mission de répondre à la modification de la circulation des flux de marchandises. En tant que pays émergent, le Brésil est effet en contraint d’organiser aujourd’hui des liaisons permettant l’acheminement des marchandises de leurs lieux de production vers les bassins de consommation alors qu’autrefois il s’agissait, pour lui, d’assurer le transport des marchandises, des matières premières généralement, vers la façade maritime pour les exporter. De telles initiatives devront être étudiées en France en liaison étroite avec l’échelon national. On pourrait regretter, à ce propos, la disparition du Commissariat général au plan. Cela prendra sans doute du temps mais il faudra bien qu’un ministre prenne en charge le dossier même s’il n’en retire pas immédiatement un bénéfice politique.

Quel pourrait être le rôle des régions face à une telle approche ?

Dans la perspective d’une nouvelle étape de la décentralisation, les régions seront normalement amenées à jouer à terme un rôle clé en matière de développement économique de leur territoire. Cette compétence inclut bien entendu un droit de regard important sur l’organisation du fret ferroviaire chez elles. Des régions comme Provence-Alpes-Côte-D’azur, le Nord-Pas-de-Calais ont déjà pris des initiatives. Ou encore plus récemment les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées, ont favorisé la réouverture d’une voie ferrée entre Nérac et Fleurance pour assurer le transport des céréales produites dans la région qui était auparavant transportées par la route. Une telle initiative participe à la pérennisation d’une activité locale tout en améliorant sa performance.

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