Transport de voyageurs : les Français sensibles à l’ouverture à la concurrence dans le ferroviaire

25 novembre 2015 | Actualités du ferroviaire, Voyageurs

Ce n’est plus un tabou ! Si les élus peinent encore à s’engager sur ce sujet, les Français plébiscitent aujourd’hui l’idée d’ouvrir le marché du transport ferroviaire à la concurrence. Quelles que soient les régions et loin des clivages politiques, ils sont 78 % à estimer que l’ouverture à la concurrence du marché du transport ferroviaire de voyageurs en TER, Intercités ou trains de nuit dans leur région serait « une bonne chose », voire « une très bonne chose » pour 34 % d’entre eux. Un avis qui n’est pas étranger à l’insatisfaction croissante des usagers face à la dégradation des services ferroviaires assurés par l’opérateur historique dans les trains du quotidien. Au-delà de la vétusté du matériel roulant, les Français pointent du doigt les problèmes de desserte, de retard et de prix qu’ils jugent trop élevés. Ce dernier critère est d’ailleurs aussi important que le gain de temps qu’ils apprécient tout particulièrement avec le train à grande vitesse (TGV). Aujourd’hui, ils citent les secteurs, aérien et de la téléphonie, pour constater les bienfaits de la concurrence à travers les baisses des tarifs. Cette position s’explique également par l’émergence de nouveaux services innovants tel que le co-voiturage, l’avènement de plateformes de réservation digitales à prix compétitifs…

Encourager les élus à engager cette ouverture du marché

Pour Dominique Bussereau, député « Les Républicains » de Charente-Maritime, et président de l’Assemblée des départements de France (ADF), les résultats de ce sondage montrent clairement que « toute opposition du gouvernement à la concurrence ne pourra pas tenir bien longtemps ». « On y viendra obligatoirement dans les régions », estime-t-il « en commençant par des expérimentations dans les trains Intercités ».

La Normandie se distingue des autres régions en affichant un score élevé de 59 % d’insatisfaction. « Il est vrai que sur les trois lignes TET, à l’instar de Caen-Tours ou Paris-Granville, il y a toujours des travaux qui obligent les usagers à prendre l’autocar sans parler des grèves des contrôleurs. », explique Philippe Duron, député socialiste du Calvados et président de la commission sur l’Avenir des trains d’équilibre du territoire (TET). Ce dernier encourage les régions dans son dernier rapport à lancer des « appels à manifestation d’intérêt pour relancer l’exploitation des trains de nuit pour satisfaire la demande touristique. » Une offre « délaissée », selon lui, par « l’opérateur historique ».

Louis Nègre, sénateur des Alpes-Maritimes  et conseiller transport auprès de Christian Estrosi pour les élections régionales en PACA se dit peu surpris du résultat du sondage et rappelle l’un des slogans de l’une des associations d’usagers mécontents. Elle promeut la règle des 3 A dit-il : Assis, A l’heure, Averti. N’est-ce pas le service a minima attendu d’un service public s’interroge le Président du Gart ? Dans son programme électoral le président de la métropole Nice Côte d’Azur et député des Alpes-Maritimes propose une mise en concurrence des TER dans sa région dès la fin de la convention avec la SNCF en 2019.

Joël Giraud, député radical des Hautes-Alpes, fait le même constat : « Les offres de transport ferroviaire ont considérablement diminué. Du coup, les usagers se retrouvent fréquemment dans des trains saturés le week-end. Dans des régions touristiques comme en Rhône-Alpes-Côte d’Azur, nous avons tout intérêt à étudier la possibilité de mettre en œuvre une expérimentation de la concurrence sur un bouquet de trains de nuit de la France entière. Nous devons réinventer cette offre touristique. Cela ne pourra se faire qu’en lançant une expérimentation sur une période suffisamment longue pour permettre aux opérateurs ferroviaires d’amortir les investissements dans de nouveaux matériels roulants », insiste le député des Hautes-Alpes.

Progresser dans le débat pour lancer des expérimentations

A deux semaines des élections régionales, « aucun candidat ne s’est engagé en faveur de l’ouverture du transport ferroviaire à la concurrence », remarque toutefois Hervé Mariton, député « Les Républicains » de la Drôme qui estime qu’il « faudra bien faire avancer le débat pour lancer des expérimentations ».

« Dans le transport ferroviaire régional, il s’agit avant tout d’une volonté politique sur l’ouverture progressive du marché à la concurrence », surenchérit Dominique Bussereau. D’autant plus, précise Philippe Duron, « que la situation financière du système ferroviaire devient intenable. Nous sommes arrivés au bout d’une logique ».

Et Claude Steinmetz, directeur ferroviaire France de Transdev et administrateur fondateur de l’AFRA, de conclure : « L’ouverture à la concurrence est une réalité en Europe dont les effets positifs ne sont plus à démontrer. Il est temps pour nous d’agir. Les membres de l’AFRA, DB Arriva (groupe Deutsche Bahn), Transdev ou Trenitalia disposent d’un vrai savoir-faire pour accompagner les régions comme l’Etat dans une démarche d’ouverture du marché, y compris expérimentale. Alors avançons dès maintenant comme d’autres pays d’Europe l’ont fait ».

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